Date: 22.03.2023 Heure: 09:24 GMT
Ajouté le : 02.03.2013 12:26
Mauritanie : Les réseaux de drogue et le pouvoir de Aziz
Nous somme en novembre 2008. Le général Ould Abdel Aziz, qui vient de renverser le premier président démocratiquement élu de Mauritanie, rencontre un homme d’affaires espagnol d’origine sahraouie, à l'époque consul honoraire espagnol en Guinée Bissau. Hamadi Ould Bouchraia (Hamadi Busarai Emhamed dans les documents espagnols), est présenté étant une «personnalité importante».
L’homme est pourtant peu connu dans la presse et le milieu politique mauritaniens. Il promet, en tout cas, d’activer ses réseaux pour positiver, aux yeux de la communauté internationale, l’image du nouveau régime. Trois jours plus tard, Ould Bouchraia obtient, en échange, la disculpation et la libération de son neveu qui était détenu par Nouakchott pour trafic de drogue.
Suite à des plaintes et polémiques, le consulat honoraire espagnol en Guinée Bissa a été supprimé. Mais Bouchraia dévient aussitôt consul honoraire de la Mauritanie en Guinée Bissau, réconnu comme "narco-État" par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, et continuera sa montée au paradis mauritanien. Il détient 4% du capital de la Sobama, la société qui représente Coca-Cola en Mauritanie et qui assure la commercialisation de l’eau minérale «Assil» (Original) appartenant à Ould Abdel Aziz. L’espagnol va même décrocher, en faveur d'une entreprise espagnole qu'il représente, un contrat de 15 millions d’euros et se voit octroyé 6.000 hectares sur la rive mauritanienne du fleuve Sénégal.
La relation entre les deux hommes grandit vite et prend plusieurs formes. En 2009, le général Aziz veut légitimer son pouvoir à travers les urnes. Ould Bouchraia fait impliquer son génie; il convainc les mauritaniens d’origine sahraouie à voter en faveur du général.
La nouvelle relation profite également à la famille Azizienne. Ainsi, Ould Bouchraia prend en charge les soins, en Espagne, du fils du président Aziz, Bedre, qu’il va plus tard initier dans le monde des affaires.
Il semble que pour couvrir leur libération, l’évènement a été coïncidé avec la libération de trois militants anti-esclavagistes dont le président d’IRA-Mauritanie, Biram Ould Dah Ould Abdeid. D’autres membres du réseau sont relaxés par la justice et d’autres encore bénéficient d’une remise de peine. C’est le cas du français Eric Walter Amigan dont la peine a été réduite de 15 à 10 ans avec un transfèrement vers son pays. Seydou Kane, le dernier du groupe, est libre depuis quelques mois.
En somme, plus de soixante personnes, détenues ou extradées vers la Mauritanie dans les dernières années suite à la saisie de grandes quantités de drogues, se sont vues curieusement libérées.
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