Date: 10.12.2024 Heure: 18:30 GMT
Ajouté le : 15.12.2016 19:50
Président élu de la Gambie : « J’ai confiance en l’Armée » (Interview)
ALAKHBAR (Banjul)-«Nous avions toujours confiance en l’Armée. A l’annonce des résultats, le chef d’état major nous a joint en promettant de nous soutenir en tant que président élu », a déclaré le président élu de la Gamba Adama Barrao dans cette interview accordée à Alakhbar.
Monsieur le président élu de la Gambi, est-ce que vous maintenez votre invitation à Yahya Jammeh a assister à votre cérémonie d’investiture ?
Je voudrais bien voir le président Yahya Jammeh et le président Daouda Kairaba Diawra (premier président de la Gambie) assister à la cérémonie de mon investiture. Le président Jammeh pourra prendre la parole ce jour-là. Cela va honorer la Gambie et l’Afrique entière. Le pouvoir n’est pas éternel. Daouda Diawra a quitté. Dieu a décidé la fin de règne de Yahya Jammeh. Moi aussi je quitterai le pouvoir. Yahya Jammeh doit comprendre que l’alternance pacifique au pouvoir renforce notre démocratie.
Yahya Jammeh pourrait craindre des poursuites judiciaires?
Nous (la coalition de l’opposition) avons toujours appelé en faveur de la paix. Lors de la campagne électorale, nous avons lancé des messages de paix.
La Constitution nous accorde le droit de former un parti politique ou de militer dans l’opposition. Nous l’avons fait. Nous avons battu campagne. Nous nous sommes fait connaitre et nous avons expliqué notre programme aux Gambiens qui l’ont accepté et voté pour nous. Yayha Jammeh a reconnu sa défaite. Il a pris le Coran et dit que le pouvoir lui a été confié par Allah un vendredi et qu’il le lui a retiré un autre vendredi. Le président Jammeh est allé jusqu’à dire que le système électoral gambien est le meilleur au monde et qu’il ne peut pas y avoir de fraudes. Jammeh était clair dans ses déclarations qui, par ailleurs, allaient dans le sens de la paix. Après, il a commis l’erreur de vouloir violer la Constitution. L’erreur est humaine. Pour cette raison, nous lui avons tenu un discours d’apaisement.
Un membre de votre coalition a menacé Jammeh de poursuites judiciaires.
La coalition n’a jamais menacé de traduire Yahya Jammeh en justice. Il a occupé le fauteuil présidentiel pendant 22 ans. Il est Gambien. Il a travaillé pour ce pays. Si l’Afrique du Sud a pu surmonter apartheid et permis au parti ANC de mener ses activités normalement nous, aussi, pourrons travailler avec qui que ce soit.
Pourquoi vous n’acceptez pas que Jammeh conteste légalement le résultat de la présidentielle devant la Cour suprême ?
Un président de la République doit connaitre les règles et agir en fonction de la loi. Yahya Jammeh a violé la loi en décidant d’annuler les élections présidentielles. Il veut aujourd’hui, saisir la Cour suprême. Comment ? Il n’existe plus de cour suprême en Gambie, depuis un an. Beaucoup de dossiers concernant cette sont restés sans suite. Quand notre chef de parti était arrêté nous devions saisir la cour suprême sur certains points, mais en vain. La cour suprême n’existait plus. Le président Jammeh a chassé tous les juges de la Cour suprême. Ce n’est pas parce qu’il a besoin d’une Cour suprême qu’il faut en créer une.
Que compterez-vous faire si la Cour suprême annule le résultat de l’élection ?
Cela va rendre sa situation plus complexe. Il faut œuvrer dans l’intérêt général de la nation. Si le président Jammeh devra agir de la sorte c’est qu’il ne veille qu’à ses intérêts particuliers. Et je pense que son attitude le prouve.
Le Sénégal a mobilisé la Communauté internationale pour vous. Votre sécurité est assurée par des Sénégalais. Pourquoi vous êtes si lié au Sénégal ?
Le Sénégal est un pays voisin qui entretient de bonnes relations avec la Gambie. La stabilité dans un pays veut dire la paix dans l’autre.
Je dois préciser que ces agents de sécurité sénégalais viennent d’une compagnie privée et non de l’Etat sénégalais. J’ai le droit d’assurer ma protection si l’Etat ne m’offre pas la sécurité. Des criminels peuvent m’agresser. Des gens qui ne m’aiment pas peuvent m’attaquer pendant que je suis sans défense.
Aujourd’hui, nous n’avons pas aperçu ces agents de sécurité sénégalais. Où sont-ils ?
Nous voulons éviter des problèmes diplomatiques entre le Sénégal et la Gambie. Nous nous en remettons à Dieu sachant que seul Dieu peut garantir la sécurité des personnes.
Le chef d’état major avait déclaré son soutien au président élu. Mais on ne l’a pas entendu depuis le rejet par Yahya Jammeh des résultats électoraux. Avez-vous le soutien de l’Armée ?
L’armée ne s’est pas manifestée de nouveau. Mais nous avons toujours confiance en elle. A l’annonce des résultats, le chef d'état major nous a joint en promettant de nous soutenir en tant que président élu. Je suis sûr que l’armée va bientôt se prononcer.
Vous êtes élu à l’issue d’un votre ethnique. Pensez-vous représenter l’ensemble du peuple gambien ?
Ce n’est pas une seule ethnie qui m’a élu. Beaucoup de Gambiens ont voté pour moi. Une seule ethnie ne peut pas élire un président de la République en Gambie. Et moi, j’appartiens à plusieurs communautés gambiennes: mon père est de la communauté Socé et ma mère de la communauté Peul. J’ai encore des oncles sarakhoulé et mais deux petites sœurs sont mariées à des Jola.
Que pensez des Mauritaniens qui forment la plus grande communauté de commerçants en Gambie ?
Les commerçants mauritaniens sont venus me féliciter après les élections. Avant même les ces élections, les Mauritaniens sont connus comme étant pacifiques. Vous pouvez vous rendre dans les tribunaux du pays, vous ne verrez pas de Mauritaniens devant la barre excepté quelques uns. Cela veut dire qu'ils respectent la loi et cela est à encourager.
Lire:
Gambie : Barro à Alakhbar : Jammeh « ne peut pas saisir la Cour suprême »
Gambie : Barro privilégie la diplomatie pour convaincre Jammeh (Député)
Gambie: l’ONU demande le transfert immédiat du pouvoir au président élu
Gambie : la vie poursuit son cours normal à Banjul
Gambie : le président n’accepte plus le résultat électoral (Actualisé)
Yahya Jammeh "ternit" l’image de la Gambie (président élu)
Gambie : Adama Barro promet un gouvernement de coalition