Date: 02.11.2024 Heure: 08:48 GMT
Ajouté le : 25.02.2017 10:43
Mauritanie : le chef de l’armée, un "héritier potentiel" du pouvoir
ALAKHBAR (Nouakchott) – Le chef d’état-major des armées mauritaniennes, le général Mohamed Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazwani (Gauche), "répond aux critères" fixés par Mohamed Ould Aziz pour son dauphin à la tête de l’Etat, a confié une source politique à Alakhbar.
Mohamed Ould Abdel Aziz est à son deuxième et dernier mandat à la tête de la magistrature suprême, selon les dispositions de la Constitution. Dans une interview à France 24, il a promis son soutien à un "dauphin" connaissant les intérêts de la Mauritanie et capable de gouverner le pays.
Selon la source, "ces critères favorisent plus les membres des Forces armées et de sécurité que les civils".
La source soutient : « Si des civiles dans la majorité présidentielle connaissent les intérêts de la Mauritanie, il leur manque le deuxième critère. Aux yeux des militaires, l’armée ou les forces de sécurité sont les seules capables de gouverner le pays, parce qu'elles sont dotées de force et de rigueur. Mohamed Ould Abdel Aziz avait d'ailleurs renversé le président civil, (le 6 août 2008) Sidi Ould Cheikh Abdellahi après l’avoir accusé d’incapacité de gouverner ».
En tête de liste des membres des forces armées ou de sécurité capables de gouverner la Mauritanie après le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz, la source place son chef d’état-major de armées et "ami fidèle de longue date", le général Ould Ghazwani.
Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazwani, surnommés « Les deux Mohamed » font partie de la même promotion des derniers officiers mauritaniens sortant de l'Académie royale (interarmes) de Meknès au Maroc.
« Les deux Mohamed ont déjoué la stratégie de l'ancien chef de l'Etat, Ely Ould Mohamed Vall, qui encourageait le vote blanc » aux élection présidentielle du 25 mars 2007 « pour se maintenir au pouvoir », poursuit notre interlocuteur.
Les deux Mohamed ont ensemble renversé le régime de Maouya Ould Sidi Ahmed Taya le 3 août 2005 puis le régime Sidi Ould Cheikh Abdellahi.
En 2009, le président Aziz a subi un accident d’avion. En 2011, il a été blessé par balle. "Durant ces moments difficiles le général Ould Ghazwani lui est resté fidèle alors qu’il pouvait avoir des ambitions du pouvoir".
Durant tout le règne de Ould Abdel Aziz, ce dernier "s’est servi de son chef d’état-major comme une baguette magique pour maintenir la stabilité au sein des institutions militaires et sécuritaires".
Le général Ould Ghazwani "jouit d’une bonne popularité parce qu’il est originaire de l’Est du pays où la forte densité de la population et il est issu d’une famille maraboutique dispersée dans plusieurs endroits du pays".
"Parmi les atouts du général Ould Ghazwani c’est qu’il entretient aussi de bonnes relations avec l’Occident".
"Jusque-là Ould Ghazwani s’est placé au-dessus des tiraillements politiques au sein de la majorité présidentielle et entre le pouvoir et l’opposition".
Le général Ould Ghazwani "n’est pas impliqué dans le dossier du passif humanitaire". Il jouit d’une" bonne réputation" au sein de l’armée.
Si le général Mohamed Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazwani pourrait "facilement passer au premier tour des élections présidentielles" comme le pense la source, son handicape est qu’il sera comptable du bilan d’Ould Abdel Aziz parce qu’il fait partie de son régime.
L’opposition pourra aussi considérer l’arrivée du général Ould Ghazwani au pouvoir comme un échec de sa lutte contre la l’implication de l’armée dans la vie politique.
Aussi la source indique : "Des proches parents du président Mohamed Ould Abdel Aziz qui ont pu repoussé du terrain commercial la tribu de l’ancien chef de l’Etat Taya craignent à leur tour d’être prochainement concurrencés par la tribu du général Ould Ghazwani, une fois au pouvoir ».
Reste cette question centrale que se pose notre source : "Qui va continuer le travail de stabilisateur des forces armées et de sécurité quand le général Mohamed Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazwani sera occupé de gérer les affaires de l’Etat?".
A suivre l'héritier du président Aziz