Date: 09.12.2024 Heure: 17:36 GMT
Ajouté le : 19.07.2018 02:05
Mauritanie - Pêche : L’UE, très soucieuse par la durabilité des ressources et la transparence
ALAKHBAR (Nouakchott) - L’Union Européenne est « très soucieuse par la durabilité des ressources et la transparence des captures ». C’est la réponse de l’Ambassadeur Chef de la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie, à la question de l’hebdomadaire Alakhbar Info : « Est-ce que les navires de pêche de l’UE dans les eaux mauritaniennes souffrent de la présence de la société chinoise Poly Hondong Pelagic Fishe ? »
Selon Giacomo Durazzo parle de « question qui fait l’objet d’un suivi scientifique approfondi (visant en particulier à évaluer les stocks et déterminer les quotas), dans la perspective des (prochains) accords (de pêche) avec la République Islamique. Interwiew
Economie Développement - Mauritanie
ALAKHBAR _ Quel est le poids des investissements de l’Union européenne en Mauritanie ? Pouvez-vous donner des chiffres ?
Giacomo Durazzo: D’une manière générale, l’Union européenne (UE) et ses Etats-membres constituent le premier donateur au monde en termes d’aide publique au développement, avec par exemple un total de 75,7 milliards d’euros mobilisés en 2017. Aux côtés de ses partenaires africains, l’Europe coopère étroitement sur nombre de sujets majeurs, dont la finalité principale est d’éradiquer la pauvreté, de promouvoir le développement durable et la stabilité. Si les politiques de développement et d'aide humanitaire représentent les deux axes les plus connus de l’activité de l’UE en Afrique, elle se traduit par bien d’autres volets, portant sur les questions de sécurité, de migration, de commerce extérieur, ou relatives à la protection des océans, à la lutte contre la désertification et le changement climatique, ainsi qu’à la promotion de la démocratie et à la défense des droits de l’homme.
En Mauritanie, l’UE est également un partenaire substantiel, tant en matière d’aide publique au développement que d’aide humanitaire. Pour reprendre les termes de votre question, le poids de son investissement dans ce pays est fondamental, puisqu’elle y est en effet le premier bailleur de contributions délivrées sous forme de dons, grâce à l’utilisation de plusieurs instruments.
A travers le Xe Fond européen de développement (FED), elle intervient aussi bien en faveur de la décentralisation et de la gouvernance, des infrastructures (routières, eau, énergie, etc.), de l’appui budgétaire, de la sécurité alimentaire, de la prévention des conflits, ainsi que de la sécurité et du développement. Dans le cadre du XIe FED, sa contribution s'articule autour de la santé, de l’état de droit et du développement rural.
L’Office de l’aide humanitaire de la Communauté européenne (ECHO) s’est parallèlement investi dans l’aide humanitaire à la population, notamment en faveur des réfugiés du camp de M’bera. Quant à la Banque européenne d’investissement (BEI), elle accompagne de longue date la Mauritanie via des prêts concessionnels et de l’assistance technique, par exemple auprès de la Société nationale industrielle et minière de Mauritanie (SNIM).
De plus, depuis 2016, le Fonds Fiduciaire d’Urgence pour le Sahel de l’UE vient désormais en complément de ces instruments de coopération, se focalisant en Mauritanie sur l'appui la formation professionnelle et l’employabilité des jeunes dans des secteurs à fort potentiel de création d’emplois (pêche, construction), la prévention de la radicalisation, et le renforcement de la gestion institutionnelle des frontières et des migrations (protection, retour et réintégration durable des migrants) et l’appui aux forces de sécurité.
Enfin, l’accord de pêche, renouvelé en 2015 jusqu’à 2019, contribue au budget annuel de l’Etat mauritanien, au titre des licences de pêche, qui constituent un appui pour le développement du secteur de la pêche et la préservation du milieu marin.
Pour vous donner quelques chiffres, ce sont 292,7 millions d’euros de financements qui ont été attribués par l’UE à la Mauritanie pour l’aide humanitaire et au développement, pour la période 2016-2017, auxquels devraient s’ajouter 139 millions d’euros supplémentaires pour 2018.
ALAKHBAR _ Qu’est ce qui a été concrètement réalisé dans le cadre du Projet d’appui à la sécurité et au développement en Mauritanie ?
Giacomo Durazzo: Projet d’appui à la Sécurité et au Développement en Mauritanie regroupe diverses activités, répondant à des enjeux stratégiques dans le contexte et régional et sous-régional actuel, à travers une conception novatrice alliant Sécurité et Développement. Il se concentre à la fois sur le renforcement des capacités des Forces armées et de sécurité nationales mauritaniennes, le soutien à la présence de l’Etat dans les zones enclavées situées à la frontière malienne et l’amélioration des conditions de vie des hommes et des femmes qui peuplent cette région.
Comme l’énonce explicitement la Stratégie de l’UE pour la sécurité et le développement au Sahel, ces deux enjeux sont indissociables et nécessitent une coopération régionale étroite, permettant de créer un environnement plus sûr et propice au développement.
A ce stade, énormément de chantiers ont donc été engagés. D’ores et déjà, l’ensemble des travaux de rénovation des écoles de la garnison de Rosso ont, par exemple, été lancés. Par ailleurs, plusieurs études hydrogéologiques ont été menées dans les zones allant de Tichitt à Nbeket Laouach, à travers 24 sondages, qui aboutiront progressivement à la conduite de forages, dont la finalisation est prévue à relativement court terme. L’accès à l’eau est en effet une nécessité primordiale et une condition à la bonne réussite de toute activité dans cette région. Pour vous donner un autre exemple, les besoins spécifiques du Service de santé des armées ont aussi été définis et conduiront cet été à la réception d’un hôpital mobile de campagne pour un déploiement prévu avant la fin de l’année.
Ce projet est encore à ses débuts, sa montée en puissance va progressivement prendre de l’ampleur dans les mois à venir. Sa démarche ambitieuse mérite d’être suivie avec une attention particulière.
ALAKHBAR _ Comment jugez-vous le climat des affaires en Mauritanie ?
Giacomo Durazzo: Le climat des affaires est effectivement un sujet très important, qui apparaît en amélioration en Mauritanie, selon les indices du "Doing Business". Mais il reste encore beaucoup à réaliser dans ce domaine, notamment en matière de diversification de l’économie, de liens mieux établis entre le secteur privé et le marché du travail, ou encore de dialogue entre les secteurs publics et privés, dans la perspective de rendre les entreprises mauritaniennes concurrentielles. Egalement en termes de réformes du cadre juridique des affaires et des finances publiques (renforcement des relations avec les Chambres de commerce et d’industrie, sécurisation des investissements, etc.), car la situation actuelle peut encore être améliorée pour attirer les investissements européens privés.
Dans cette perspective, l’UE participe à cette nécessaire réforme pour une meilleure coordination des textes juridiques, à la formation des professionnels de la justice pour un accès facilité des usagers à la justice commerciale et à l’arbitrage, à un soutien à la création d’entreprises via les Chambres de commerce et d’industrie pour une meilleure correspondance avec le marché, à la formation professionnelle dans les secteurs de la pêche artisanale et du Bâtiment-Travaux Publics (BTP)..
ALAKHBAR _ Quelle note donneriez-vous à l’économie mauritanienne ?
Giacomo Durazzo: L’économie mauritanienne dispose de toute évidence d’un indéniable potentiel économique, ainsi que de ressources naturelles importantes (poisson, minerais, agriculture, énergie durable, etc.).
L’un des secteurs clef, dans lequel la Mauritanie pourrait être en pointe, est celui des énergies renouvelables, qui constituent déjà plus que 40% de l’approvisionnement électrique du pays.
ALAKHBAR _ Quelles sont les difficultés liées aux projets financés par l’Union européenne en Mauritanie ?
Giacomo Durazzo: Les projets financés par l’UE en Mauritanie sont pour la plupart mis en œuvre conformément aux prévisions.
Le fonctionnement de l’UE est cadré par des procédures bien établies, qui peuvent sembler lourdes et consommatrices de temps, mais qui permettent d’assurer une très bonne qualité des produits finaux tout en s’assurant le bon usage fait des fonds concédés. Le temps de l’avancée concrète des projets peut donc paraître long de l’extérieur, mais cela est nécessaire. L'objectif est de mettre en place des dynamiques de développement durables et de vraie qualité.
Il y a eu également des rares cas pour lesquels des retards importants se sont produits : et parfois, les échecs font bien plus de bruit que les succès : c’est ce qui s’est passé au projet de réhabilitation de la route de Rosso, qui a subi des retards importants suite à la défaillance de l’entreprise chargée d’effectuer les travaux. Heureusement, le chantier a repris il y a un mois et devrait être finalisé dans deux ans.
ALAKHBAR _ Est-ce que les navires de pêche de l’UE dans les eaux mauritaniennes souffrent de la présence de la société chinoise Poly Hondong Pelagic Fishe ? Qu’est ce que l’UE voudrait modifier lors des prochains accords de pêche avec la Mauritanie ?
Giacomo Durazzo: D’une manière générale, l’UE est très soucieuse par la durabilité des ressources et la transparence des captures. Question qui fait l’objet d’un suivi scientifique approfondi (visant en particulier à évaluer les stocks et déterminer les quotas), dans la perspective des accords qui seront négociés et devront aboutir l’année prochaine. Les conclusions de cette étude permettront à l’UE de mieux se positionner sur ce sujet, car il est encore trop tôt aujourd’hui pour ce faire, alors que ce sujet est de grande importance.
Pour autant, la mise en œuvre de l’accord de pêche adopté se déroule globalement bien, pour la plus grande satisfaction des deux parties concernées. Les chiffres de décaissement se situent actuellement à environ 50 à 55 millions d’euros par an pour les licences.
ALAKHBAR _ Certains reprochent à l’Union européenne de récupérer une bonne partie de son aide à la Mauritanie à travers des études de projet et des missions d’expertise ou de consulting. Quelle est votre réponse ?
Giacomo Durazzo: L’UE attache beaucoup d’importance au renforcement des capacités et au transfert des compétences dans la mise en œuvre de son aide. Trois constats simples sont à mettre en évidence.
Le premier est que la conduite d’études et le soutien technique, dont la pertinence est jugée projet par projet et programmée conjointement avec les bénéficiaires, est indispensable à la mise en œuvre de ces réalisations si on les veut efficaces sur le long terme.
Le deuxième est que les procédures de l’UE favorisent l’emploi d’expertises locales, et que nous comptons donc beaucoup d’experts mauritaniens ou de la sous-région au sein de nos différents projets.
Le troisième est que le coût des missions d’expertise et de consulting ne représente qu'une proportion modique par rapport aux montants des projets.
Politique - Mauritanie
ALAKHBAR _ Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, répète qu’il va quitter le pouvoir. Est-ce que l’Union européenne envisage - en Mauritanie - des élections transparentes, qui aboutiraient à une alternance démocratique au pouvoir et, peut-être, à l’arrivée d’un opposant au pouvoir ?
Giacomo Durazzo: L’UE n’a absolument pas vocation à émettre d’avis sur une élection ou à en influencer les résultats, que ce soit en Mauritanie ou dans tout autre pays.
A travers la signature des accords de Cotonou, la Mauritanie a cependant pris des engagements forts, tant en termes de promotion et de respect de la démocratie, que de transparence. L’UE compte donc sur la conduite d’élections transparentes et inclusives, et note avec satisfaction que tous les partis politiques se sont à ce stade engagés dans le processus.
ALAKHBAR _ Est-ce que l’Union européenne va observer les élections présidentielles de 2019 ?
Giacomo Durazzo: Des missions d’observations électorales peuvent être déployées par l’UE, mais seulement si elles sont officiellement sollicitées par le Gouvernement. Si les autorités mauritaniennes émettent officiellement une demande dans ce sens, la possibilité sera sérieusement étudiée.
ALAKHBAR _ Est-ce que l’Union européenne est rassurée sur le fait que le prochain président de la Mauritanie poursuivra - avec la même vision - la politique sécuritaire de Mohamed Ould Abdel Aziz ?
Giacomo Durazzo: Comme indiqué en précédente réponse, l’UE n’a pas ni vocation ni légitimité à s’immiscer dans le débat politique, et ne veut émettre aucun jugement sur la personne qui sortira vainqueur de la prochaine élection.
L’UE reste convaincue du rôle fondamental que joue la Mauritanie dans la stabilité de la région et compte donc sur la continuité de ce positionnement dynamique. Les efforts entrepris méritent d’être non seulement poursuivis mais accentués, à un niveau national et sous-régional, voire international.
ALAKHBAR _ Pourquoi l’Union européenne - dans ses projets en Mauritanie - ne s’intéresse pas au processus démocratique et aux médias ?
Giacomo Durazzo: L’UE a mené par le passé des projets dans ces deux sujets, que ce soit celui du processus démocratique (appui aux élections, ou encore au Parlement), ou celui des médias, mais il est vrai que ce n’est plus le cas actuellement.
La programmation des appuis financiers de l’UE, des domaines et objectifs des projets sont déterminés et priorisés conjointement avec le Gouvernement mauritanien.
Dans le cadre de la consolidation de la démocratie, nous investissons beaucoup depuis une dizaine d’années dans le domaine de l’Etat de droit et de la Justice, piliers de la démocratie : une Convention de financement vient d’ailleurs tout juste d’être signée par le Commissaire au Développement de l’UE Neven Mimica pour plus de 12 millions d’euros additionnels. Cela, afin d’asseoir son indépendance, de renforcer la formation des magistrats dans le cadre de l’Ecole nationale d’Administration, de Journalisme et de Magistrature (ENAJM), d’améliorer la justice juvénile, ainsi que de simplifier son accès aux justiciables les plus fragiles en soutenant les associations leur venant en aide.
L’UE a également participé à la rénovation et à la réhabilitation des palais de justice et des prisons et va continuer à le faire.
Justice et Droits de l’homme - Mauritanie
ALAKHBAR _ Le ministre mauritanien de la Justice a dit que les récentes réformes judicaires n’ont pas été satisfaisantes. La plupart de ces réformes a été appuyée par l’Union européenne. Quelle est votre réaction aux propos du ministre. Comment évaluez-vous l’Etat de droit en Mauritanie ?
Giacomo Durazzo: Le positionnement de l’UE ne lui confère pas dans ses attributions de commenter les déclarations politiques émanant de représentants gouvernementaux élus au sein de pays souverains. Mais elle encourage et soutient, comme indiqué, les initiatives visant à rendre certains secteurs, dont la justice, plus efficients.
ALAKHBAR _ Quelle est la position de l’Union européenne par rapport à la détention de Mohamed Ould Ghadda et de Mohamed Ould Mkheïtir ?
Giacomo Durazzo: L’UE n’a pas non plus la vocation ni la légitimité pour intervenir dans un processus judiciaire national, la justice devant agir en toute indépendance, ni même pour commenter des décisions qui sont toujours en cours. L'UE est très attachée au respect des conventions internationales et au respect des droits de l'homme.
ALAKHBAR _ Quelles sont les attentes de l’Union européenne en termes de Droits de l’homme en Mauritanie, notamment dans le domaine de l’esclavage ? Il y a eu récemment des condamnations mais l’Etat mauritanien nie toujours l’existence de l’esclavage.
Giacomo Durazzo: L’UE se réjouit du fait que la Mauritanie se soit dotée dans sa législation et dans l’article 13 de sa Constitution de dispositions claires condamnant et criminalisant les pratiques d’esclavages.
La Mauritanie a en effet établi des procédures judiciaires particulières en justice pour traiter ces cas. Pour les années à venir, elle a aussi adopté une feuille de route pour l’éradication de l’esclavage.
G5 Sahel
ALAKHBAR _ Face à la presse, vous avez qualifié l’armée du G5 Sahel de « force d’attaque ». A quelle date exacte la force va mener sa première attaque ? Quelle sera la cible ?
Giacomo Durazzo: Même si je les avais, vous imaginez bien que ce ne sont pas des informations qui puissent être divulguées à la presse. En outre, si l’UE réaffirme tout son appui à cette force potentiellement offensive - et pour laquelle la Mauritanie constitue aussi un partenaire clef aux côtés d’autres -, son emploi ne dépend pas d’elle. Toute information complémentaire à ce sujet serait à adresser au Secrétariat permanent du G5 Sahel, installé à Nouakchott.
Je tiens cependant à saluer à ce sujet toute l’implication de la Mauritanie, notamment dans le cadre du G5, pour ce qui est des questions de sécurité, ainsi que de lutte contre les réseaux terroristes et criminels.
ALAKHBAR _ Qu’est ce qui pourrait faire obstacle à la stratégie offensive de la force conjointe ?
Giacomo Durazzo: Dans toute initiative, multipartite ou non d’ailleurs, il peut exister certaines difficultés. Pour ce qui concerne l’essor du G5 Sahel, il est bien connu qu’il regroupe des forces dont les capacités présentent des disparités et des lacunes, qu’il faut parvenir à faire travailler ensemble vers des objectifs partagés.
Je ne crois pas que ces difficultés soient insurmontables. L’interopérabilité des forces n’est pas question facile, elle est d’ailleurs aussi un défi au sein de l’UE, dans le cadre de la mise en place d’une Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) entre les Etats-membres.
Ainsi, forcément la montée en puissance de cette force africaine devra se faire progressivement, avec le plein soutien de l’UE et de ses autres partenaires, tout d’abord pour mener des opérations le long des zones frontalières et ensuite étendre le champ d’action.
ALAKHBAR _ Quel moyen va utiliser l’Union européenne pour exiger aux partenaires le respect de leur engagement en faveur de la force conjointe ?
Giacomo Durazzo: L’UE et ses Etats-membres constituent des acteurs majeurs du soutien à la force conjointe. D’où l’organisation de la Conférence internationale dédiée à son financement, en février dernier, à Bruxelles, qui a permis d’enclencher un niveau très significatif d’appui pour permettre le démarrage de cette force.
L’UE s’implique aussi dans le suivi des engagements pris par les différents autres partenaires de la force conjointe et se veut jouer un rôle de trait d’union entre ceux-ci. Elle ne dispose cependant pas de capacités de contraintes pour en imposer le respect. Cela relève de la responsabilité de chacun, alors que l’accompagnement au retour de la sécurité dans la région sahélienne est de l’intérêt de tous.
ALAKHBAR _ Quelle solution envisage l’UE pour le financement permanent de la force conjointe ?
Giacomo Durazzo: C’est une question de toute importance que vous soulevez. L’UE appuie de tout son poids la demande émanant des pays du G5 Sahel d’obtenir des contributions financières obligatoires de la part des Nations Unies au bénéfice de la force conjointe : solution idéale pour sa pérennisation à moyen et à plus long terme.
Région du Sahel
ALAKHBAR _ Au Mali, l’intervention de l’ONU et de la France a abouti à un transfert du conflit du nord vers le centre du pays. De plus, la question ethnique vient compliquer la situation. On a vu le massacre de Peuls. Pensez-vous que c’est la présence de forces occidentales qui met l’huile sur le feu ?
Giacomo Durazzo: On ne saurait laisser se propager l’idée provocatrice et erronée que la présence internationale est responsable d'un quelconque conflit ethnique au Mali, d’autant que chacun sait parfaitement qu’au Centre du pays, l’on parle d’une problématique revêtant des siècles d’ancienneté.
J’ajoute que ce sont au contraire les groupes terroristes qui ont exploité cette brèche préexistante, en s'appuyant sur celle-ci pour maintenir l’instabilité dont ils se nourrissent, et gravement amplifier le problème. L’intervention des Nations Unies et de la France a probablement résolu nombre de difficultés, bien que, certes, beaucoup reste encore à faire.
ALAKHBAR _ Est-il possible d’envisager un retour de la paix dans le nord du Mali sans l’implication de l’Algérie ?
Giacomo Durazzo: L’Algérie est un pays évidemment important en lien avec le retour de la paix au Mali, et plus largement dans la stabilité de la région également. Pour rappel, celle-ci a joué un rôle clef ayant abouti à la signature de l’Accord de paix et de réconciliation, en 2015.
Son implication est toujours essentielle au processus de résolution de la crise malienne, en particulier à travers son rôle de chef de file de la Médiation. Rôle qu’a d’ailleurs officiellement salué le Conseil de l’UE.