Date: 09.12.2024 Heure: 17:12 GMT
Ajouté le : 05.03.2012 12:43
«L’enfer du Ksar» : Témoignage des étudiants ex-détenus au commissariat du Ksar I
ALAKHBAR (Nouakchott) - «Tuez les, jetez les au diable, éloignez moi de cette bande» hurlait, comme un drogué, le commissaire du Ksar I à ses tortionnaires. Obéissants, ces bêtes féroces nous infligeaient toute sorte de tortures. On en avait droit cinq fois par jour. Tordus de douleurs, on criait pleurait et les menottes de plus en plus resserrées autour de nos bras», raconte Kebe, un étudiant de la 4ème année Droit entouré de cinq de ses camarades qui, amaigris, affirment tous avoir vécu «L’enfer du Ksar».
«L’enfer du Ksar» a débuté le 12 février à Nouakchott avec des arrestations ciblées contre les étudiants négro-mauritaniens, selon les étudiants «Ils ont perquisitionné des domiciles des étudiants et fouillé de fond en comble le registre des membres du SNEM, syndicat national des étudiants mauritaniens. Pourtant nous étions une coalition de syndicats composée de maures et de noirs de garçons et de filles», poursuit Kebe, qui promet de dire toute la vérité défiant au passage «les éventuels agents secrets dans la salle.» Et Kebe de souligner : «Tout s’est passé avec la complicité du Recteur de l’Université, qui a fourni des informations sur nous et du directeur de la sûreté régionale, qui a transmis nos dossiers au commissaire de police du Ksar I, ce tortionnaire qui date de l’Epoque Ould Taya.»
«Les tortionnaires étaient composés essentiellement de Harratin et de maure blancs, nous avons retenus quelque noms : Cheikh, Doudou, Oumar Gueye, Dolf et Didi, le chef de la Brigade de Recherche des Bandits. Ses noms et d’autres nous les dénonceront dans un rapport aux représentants diplomatiques et aux ONG de Droit de l’homme. Comment un pays signataire des conventions contre la torture, puisse procéder à de tels actes de barbaries», s’insurge Kebe.
Kebe d’ailleurs qui a été cueilli devant le commissariat de Dar Naïm, se souvient : «Pendant qu’on formait un groupe devant le commissariat, quelqu’un vient me demander d’entrer saluer une camarade détenue. J’ai hésité avant d’entrer. Une fois à l’intérieur, un numéro privé m’appelle ; je décroche mais la personne ne parlait pas. Subitement un policier me prend par la main et conduit au commissaire. Et vers une heure du matin, un autre membre du SNEM, Bocar Diagana, menotté, arrive au commissariat avant qu’on soit transférés au commissariat du Ksar I. il y avait déjà Ilot et Samba Soumaré très fatigués.»
«Nous étions tous les six déshabillés, jetés dans deux cellules obscures, remplies de déchets et puant d’urine. Ils avaient enlevé les menottes à notre arrivée, pour les remettre plus tard avec les mains derrière. Là ça faisait très mal ; on voulait qu’ils desserrent un peu, on s’est mis donc à taper à la porte, mais personne n’est venue à notre secours, c’est ainsi qu’on est resté debout jusqu’au matin.»
Le lendemain au moment de l’interrogation, Didi et son équipe passent aux choses sérieuses : on était couchés sur le ventre, les yeux bandés, les jambes attachées par un turban noir et les mains menottées dans le dos. Il y a avait quelqu’un dont le seul rôle était de resserrer les menottes à chaque instant. Et après chaque phase de torture, on était de nouveau présentés au commissaire qui demandait toujours si nous avions brûlé les bus. Finalement ils nous obligeaient de rester debout de 18 heures jusqu’au lendemain, ce en nous menottant et accrochés aux grilles.»
«Après le ton bédouin et raciste du commissaire, une voix intellectuelle mais trompeuse retentit, c’était celle du directeur de la sûreté régionale. Il venait tard dans la nuit nous dire : ‘’je vous considérerai de simple enfants si vous dites la vérité que vous avez brûlé les bus, sinon on vous considérerez comme des hommes et on vous fera subir le même traitement qu’aux adultes.»
«Venu le jour où on devait nous déférer au Parquet, le directeur de la sûreté et le commissaire nous forcent de signer un procès-verbal dont on ignore jusqu’à présent le contenu, parce qu’il était écrit en Arabe. Ils nous ont par la suite lu une soi-disant liste des noms de ceux, parmi les étudiants, qui auraient brûlé les bus, pour nous demander de rester cohérents et répéter les mêmes noms des devant le Procureur. À ce dernier nous avons plutôt fait savoir que des mégots de cigarettes ont été écrasés sur nous. Mais il ne s’est pas donné la peine de noter cela. Il a en revanche libéré les 19 étudiants sauf nous six avant de dire qu’il nous envoie en prison conformément aux articles 90 et 91 du Code pénal.»
On nous a amené donc à la prison centrale où on est accueillis par le capitaine qui nous a promis de préserver notre dignité et nous a demandé ceci : «Ne vous approchez de ces Salafiste et de ces drogués qui sont là.» A la fin de l’accueil, on est jeté dans une cellule où se trouvaient des gens bizarres intrigants. On avait tous les six la trouille au ventre ; on a donc décidés de rester en bloc même pour faire nos besoins. Après c’était le défilé des autres détenus devant nous ; l’un deux nous raconte son histoire : «Je suis là, parce que j’ai tué un Sénégalais quelque part». Un autre meurtrier qui depuis onze longues année est en prison se présent à nous. Mais il y avait également d’autres, frappés par l’injustice, et les salafiste qui entretenaient de bonnes relations avec nous. Certains nous conseillaient, on a même reçu des Droit dans cette prison.»
Enfin le jour de la liberté ! Le directeur de l’administration pénitentiaire nous demande de signer notre liberté provisoire. On a exigé la présence d’abord de nos avocats. «Vos avocats ne sont intéressés que par l’argent», réplique-il en accusant notre syndicat le SNEM d’être affilé aux FLAM, TPMN et à IRA-Mauritanie. Et notre réponse était : «Nous feront toujours appel à eux quand les choses nous dépassent.»
«L’enfer du Ksar» a débuté le 12 février à Nouakchott avec des arrestations ciblées contre les étudiants négro-mauritaniens, selon les étudiants «Ils ont perquisitionné des domiciles des étudiants et fouillé de fond en comble le registre des membres du SNEM, syndicat national des étudiants mauritaniens. Pourtant nous étions une coalition de syndicats composée de maures et de noirs de garçons et de filles», poursuit Kebe, qui promet de dire toute la vérité défiant au passage «les éventuels agents secrets dans la salle.» Et Kebe de souligner : «Tout s’est passé avec la complicité du Recteur de l’Université, qui a fourni des informations sur nous et du directeur de la sûreté régionale, qui a transmis nos dossiers au commissaire de police du Ksar I, ce tortionnaire qui date de l’Epoque Ould Taya.»
«Les tortionnaires étaient composés essentiellement de Harratin et de maure blancs, nous avons retenus quelque noms : Cheikh, Doudou, Oumar Gueye, Dolf et Didi, le chef de la Brigade de Recherche des Bandits. Ses noms et d’autres nous les dénonceront dans un rapport aux représentants diplomatiques et aux ONG de Droit de l’homme. Comment un pays signataire des conventions contre la torture, puisse procéder à de tels actes de barbaries», s’insurge Kebe.
Kebe d’ailleurs qui a été cueilli devant le commissariat de Dar Naïm, se souvient : «Pendant qu’on formait un groupe devant le commissariat, quelqu’un vient me demander d’entrer saluer une camarade détenue. J’ai hésité avant d’entrer. Une fois à l’intérieur, un numéro privé m’appelle ; je décroche mais la personne ne parlait pas. Subitement un policier me prend par la main et conduit au commissaire. Et vers une heure du matin, un autre membre du SNEM, Bocar Diagana, menotté, arrive au commissariat avant qu’on soit transférés au commissariat du Ksar I. il y avait déjà Ilot et Samba Soumaré très fatigués.»
«Nous étions tous les six déshabillés, jetés dans deux cellules obscures, remplies de déchets et puant d’urine. Ils avaient enlevé les menottes à notre arrivée, pour les remettre plus tard avec les mains derrière. Là ça faisait très mal ; on voulait qu’ils desserrent un peu, on s’est mis donc à taper à la porte, mais personne n’est venue à notre secours, c’est ainsi qu’on est resté debout jusqu’au matin.»
Le lendemain au moment de l’interrogation, Didi et son équipe passent aux choses sérieuses : on était couchés sur le ventre, les yeux bandés, les jambes attachées par un turban noir et les mains menottées dans le dos. Il y a avait quelqu’un dont le seul rôle était de resserrer les menottes à chaque instant. Et après chaque phase de torture, on était de nouveau présentés au commissaire qui demandait toujours si nous avions brûlé les bus. Finalement ils nous obligeaient de rester debout de 18 heures jusqu’au lendemain, ce en nous menottant et accrochés aux grilles.»
«Après le ton bédouin et raciste du commissaire, une voix intellectuelle mais trompeuse retentit, c’était celle du directeur de la sûreté régionale. Il venait tard dans la nuit nous dire : ‘’je vous considérerai de simple enfants si vous dites la vérité que vous avez brûlé les bus, sinon on vous considérerez comme des hommes et on vous fera subir le même traitement qu’aux adultes.»
«Venu le jour où on devait nous déférer au Parquet, le directeur de la sûreté et le commissaire nous forcent de signer un procès-verbal dont on ignore jusqu’à présent le contenu, parce qu’il était écrit en Arabe. Ils nous ont par la suite lu une soi-disant liste des noms de ceux, parmi les étudiants, qui auraient brûlé les bus, pour nous demander de rester cohérents et répéter les mêmes noms des devant le Procureur. À ce dernier nous avons plutôt fait savoir que des mégots de cigarettes ont été écrasés sur nous. Mais il ne s’est pas donné la peine de noter cela. Il a en revanche libéré les 19 étudiants sauf nous six avant de dire qu’il nous envoie en prison conformément aux articles 90 et 91 du Code pénal.»
On nous a amené donc à la prison centrale où on est accueillis par le capitaine qui nous a promis de préserver notre dignité et nous a demandé ceci : «Ne vous approchez de ces Salafiste et de ces drogués qui sont là.» A la fin de l’accueil, on est jeté dans une cellule où se trouvaient des gens bizarres intrigants. On avait tous les six la trouille au ventre ; on a donc décidés de rester en bloc même pour faire nos besoins. Après c’était le défilé des autres détenus devant nous ; l’un deux nous raconte son histoire : «Je suis là, parce que j’ai tué un Sénégalais quelque part». Un autre meurtrier qui depuis onze longues année est en prison se présent à nous. Mais il y avait également d’autres, frappés par l’injustice, et les salafiste qui entretenaient de bonnes relations avec nous. Certains nous conseillaient, on a même reçu des Droit dans cette prison.»
Enfin le jour de la liberté ! Le directeur de l’administration pénitentiaire nous demande de signer notre liberté provisoire. On a exigé la présence d’abord de nos avocats. «Vos avocats ne sont intéressés que par l’argent», réplique-il en accusant notre syndicat le SNEM d’être affilé aux FLAM, TPMN et à IRA-Mauritanie. Et notre réponse était : «Nous feront toujours appel à eux quand les choses nous dépassent.»