Date: 02.10.2023 Heure: 20:21 GMT
Ajouté le : 21.06.2012 00:33
Le Hip Hop mauritanien avance, mais difficilement
La Mauritanie a connu, de 1991 à nos jours, tous les genres qui ont marqué l’histoire du Hip hop : «le Rap, dès ses débuts, initié par Erneste Thié du groupe Salam, mais aussi par Men Posy, le Break Dance (1987-88) incarnée par Degree Diz de Waga, le Beat Box (1999-2000) porté par un cercle de jeunes qui évoluaient au stade Olympique à Nouakchott, le Graffiti (1996-97) pratiqué par les Aushka Boys et le DJ-ing (2000-2005) qui fraye peu à peu son chemin», raconte Monza. Même le Street Wear, le dernier genre Hip-hop à la mode, a fait son apparition avec From-Fouta, I am Mauritanian et Esprit Peul. Ce dernier groupe a confectionné le modèle de vêtement Street Wear : «Nouakchott Inchallah».
Plusieurs raisons expliquent cependant ce retard, confie Monza et Cheikh Omar Anne, à ALAKHBAR, autour d’un café, à l’Institut Français de Mauritanie (IFM), à la veille de la 5ème édition du Festival Assalamalekoum (du 21au 29 juin) co-organisé notamment par la Communauté urbaine de Nouakchott (CUN), par Ile de France et par l’IFM. Il s’agit d’abord d’un «manque de culture du Hip hop, constate Monza. La preuve : «certains rappeurs ne distinguent pas le Hip hop et le Rap.»
Toute une série de difficultés
«Des managers se sont aussi improvisés sans se donner la peine de se former par la suite». A cela s’ajoute un «manque de logistique», constate Cheikh Omar Anne, qui explique : «Pour dupliquer un disque, on se déplace au Sénégal, au Maroc ou en Tunisie».
Sans sponsor, Cheikh et compagnies ont dû effectuer plusieurs tournées, organiser 400 concerts et bénéficier du soutien de bonnes volontés, dont le président de la CUN, Ahmed Hamza, pour couvrir les 2 millions d’UM de frais de production de l’album. «Nous avons déposé des demandes partout sans trouver de sponsor. On nous exigeait le récépissé du groupe, au lieu d’un press-book (dossier de presse : ndlr), comme cela se fait ailleurs. Alors qu’en Mauritanie le récépissé n’est délivré qu’aux associations.»
Le piratage abusif n’aide pas les artistes
Une fois la bataille pour l’existence remportée, commence la lutte contre le piratage «abusif». Là, les groupes sont laissés à eux-mêmes. Pas de cadre juridique qui protégerait le droit d’auteur. Les pirates l’ont compris : une semaine après la sortie d’un album (1000 exemplaires pour «YO BONE WASS DONO»), des centaines de copies piratées sont bradées sur le marché. Les auteurs sont alors obligés de faire la course contre les pirates. Leur stratégie : organiser le plus vite possible des concerts (à Nouakchott et à Nouadhibou) où «l’achat du CD à 1500 UM fait office de billet d’entrée», raconte un journaliste de l’Authentique.
En plus de ces difficultés, les acteurs du Hip hop mauritanien tardent à se regrouper dans un cadre pour défendre leurs droits. «Nous organisons souvent des rencontres pour réfléchir sur l’avenir du métier, mais chaque fois, les querelles personnelles l’emportent sur l’intérêt général», déplore Cheikh Omar Anne. «L’hypocrisie et la mésentente gangrènent le milieu», ajoute Monza, qui, en outre, évoque «l’indifférence» du ministère de la Culture.
Tout n’est pas sombre
«La situation n’est toutefois pas si catastrophique que ça pour le Hip hop mauritanien», rassure Monza qui mentionne beaucoup d’aspects positifs. «Avant, il n’existait pas de studios. On se contentait d’un poste radio Sharp à deux cassettes et d’un microphone pour enregistrer des sons avec tous les aléas possibles. Aujourd’hui nous avons le studio 308, Zaza production, Mauritanie production, MCO et Dj Mamen le premier à enregistrer du Rap mauritanien.»
«Il y a les festivals où l’on peut promouvoir sa musique: le festival Welooti, initié à Bababé par Yéro du groupe MINENTEY, les festivals Walo musique et Assalamalekoum.»
«On peut se permettre de parler d’une consolidation du mouvement Hip hop. Les rappeurs ‘’s’exportent’’ au Sénégal. Waraba, par exemple, a participé au collectif Aura qui regroupe les plus grands rappeurs de l’Afrique de l’Ouest.»
«La diversité culturelle est là. Toutes les communautés (Maure, Polar, Soninké, Wolof) font du Rap», constate Monza qui reconnaît tout de même «la prépondérance Poular en matière de nombre de groupes et d’audience.»
De même «l’Office mauritanien des droits d’auteur devrait bientôt voir le jour. Le texte du projet de loi en question a été déjà élaboré en collaboration avec les acteurs concernés », informe Monza.
L’apport du festival Assalamalekoum
Selon son fondateur, «le festival constitue une avancée pour le Hip hop mauritanien et, au-delà, régional. C’est une grande tribune de Rap qui donne plus de visibilité à la Mauritanie. Avec le festival, Nouakchott a été élue en 2009 capitale du Rap africain. Depuis trois ans, Assalamalekoum contribue à faire circuler des rappeurs mauritaniens au Sénégal et contribue à professionnaliser les pratiques des artistes locaux au travers d’Assalamalekoum-Découverte depuis 2010. Assalamalekoum a aussi donné naissance au studio Zaza Productions». Cette année, les organisateurs du festival ont proposé à des journalistes de participer à un atelier, Assalamalekoum Média, portant sur le journalisme culturel et sur les réseaux sociaux. Une dizaine de journalistes y ont participé en produisant des articles sur le Rap ou encore des portraits d’artistes.
Groupes de Rap
Military underground, Lidza from the ghetto, Habbobé Bassal, Bad’s Diom, imperial Charghawi, Minentey Clan, Enemy fénanndé, Force trankil, Princesses Siena, La Lichka et Eva (FG 92), Mister X, Metamorphose, Franco man, Big Power (Wara Bâ), Nas (number one African slam) Diamin tekki, Enfant de la rue, Marginal clan, Soyno Ganda, Dimbé revolution, Les microbes, Adviser, Big Jaz, RJ, Ziza, Walfadjri, Black soldier, BJB, Rassoul Abdessalam, 3 R, Oulad Bled, Bigman, B69, Sony marémo, Out Look, Jaalal,Baba D (double face), BOS…