Date: 09.12.2024 Heure: 17:31 GMT
Ajouté le : 20.03.2013 05:10
Mauritanie: Les subsahariens se sentent discriminés au sujet de la carte de séjour
Les autoriés de Nouakchott ont réaffirmé, à plusieurs occasions, que la carte de séjour concerne «tous les étrangers vivant en Mauritanie». Toutefois beaucoup de subsahariens estiment être la seule cible des récentes arrestations, détentions et reconduites à la frontière faute de carte de séjour. L’Authentique quotidien, dans son numéro 1776, jeudi 7 mars 2013 a écrit : «Face à la recrudescence des rafles et des reconduites systématiques aux frontières (….) c’est surtout le sentiment de vivre une véritable ségrégation qui ronge les immigrés africains, qui remarquent que les étrangers arabes sont épargnés et qu’ils sont les seuls à être traqués».
Les autorités mauritaniennes n’ont d’ailleurs adressé qu’une seule note verbale aux représentations diplomatiques sur la question de la carte de séjour. C’était le 13 mai 2012 sur demande des ambassadeurs de la Gambie, du Mali et du Sénégal, «pays privilégiés», selon ladite note laquelle informait l’allégement des formalités d’obtention de la carte de séjour.
Hormis ces exceptions, les autorités mauritaniennes ont court-circuité les représentations diplomatiques en touchant directement les représentants des associations des communautés étrangères sur la question de la carte de séjour. Plus de cinq rencontres ont réuni ces derniers avec des autorités mauritaniennes à la Wilaya de Nouakchott. Mais "seuls des ressortissants subsahariens ont été convoqués", protestent ces derniers.
Les première rencontre a été tenue, jeudi 24 mai 2012, pour annoncer l’allégement des formalités d’obtention de la carte de séjour. Seuls des ressortissants subsahariens ont été présents.
La deuxième réunion a eu lieu le mercredi 4 juin 2012. Le Wali a déclaré au cours de cette rencontre : « On est loin des 150 personnes enrôlées chaque jour au début de l’opération (...) Il faut donc plus de sensibilisation de vos compatriotes». Le wali s’adressait aux seuls ressortissants subsahariens présents.
La troisième rencontre, mardi 3 juillet 2012, a été reportée par le wali-adjoint, Mohamed Ould Teyib après que les subsahariens ont demandé: «Pourquoi sommes-nous les seuls à être toujours convoqués?». Ould Teyib a aussitôt pris son téléphobe et demandé à la Police de faire assister les absents à la prochaine rencontre.
A ladite prochaine rencontre, organisée dimanche 9 septembre 2012, seuls deux ressortissants de pays arabes dont un Syrien sont venus. Les autres étrangères présents ont été tous des subsahariens. Etaient présents aussi, le directeur régional de la Sûreté, le directeur général adjoint de L'Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS) et le ministre mauritanien de l’intérieur, Mohamed Ould Boilil, lequel a annoncé durant la réunion la gratuité de l’obtention de la carte de séjour. Le wali a, à son tour, expliqué que "la contrainte financière, c'est-à-dire les 30 000 Ouguiyas de quittance, a été levée(…)». Et «désormais, la carte est délivrée 72 heures après le dépôt», a ajouté le directeur général adjoint de l’ANRPTS. Ce délai de 72 h de n’a jamais été respecté.
Le journal Horizon (officiel) qui est revenu sur la rencontre a écrit dans son numéro 5833 du 10 septembre 2012 : «Les étrangers résidant en Mauritanie sont exemptés, pendant un mois, de la taxe de séjour, a annoncé le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation.» (voir Ami et Cha'ab, cependant le numéro 5833 semble être supprimé des archives de ami.mr) La nouvelle va faire le tour des foyers des étrangers lesquels ont rué vers les trois centres d’enrôlement. Depuis, Il y a eu, devant ces centres des files indiennes, des bousculades, des bagarres de positionnement dans les rangs, des rackettes menées par des agents chargés de l’opération et par des forces chargées de la sécurité, des cas d'évanouissements (deux femmes le 11 septembre 2012) et à un mort, le 16 octobre 2012.
Dimanche 29 janvier 2013, le wali de Nouakchott a convoqué à une nouvelle rencontre à laquelle seules les communautés étrangères subsahariennes ont été présentes. Et le wali a annoncé: «Les cartes de séjour sont disponibles et qu’elles peuvent être retirées à partir du 3 février, mais contre payement de la somme de 30 000 UM (…)», lit-on dans La Nouvelle Expression (N° 171, 3 février 2013). Et à la question d’un participant: «Pour quoi vous nous aviez-vous dit que tout était gratuit», le wali a répondu: «C’était une erreur de communication».
«Par ce leurre, les autorités mauritaniennes ont poussé beaucoup d’étrangers à aller s’entasser devant les centres d’enrôlement. Mais qu’est ce qu’elles vont encore inventer pour que les gens payent 30 000 UM pour retirer leur carte?», s'énerve un étranger.
Dans le même contexte, L’authentique quotidien a écrit dans son N° 1776, jeudi 7 mars, que les étranges «se disent floués par l’annonce préalable du gouvernement mauritanien qui avait levé la taxe de 30.000 UM pour la carte de séjour».
L'on souvient qu'avant l’annonce de la gratuité de l'obtention de la carte un nombre d’étrangers, notamment des chefs de famille, avaient commencé à quitter le pays jugeant «trop chère la quittance de 30 000 UM».