Date: 02.10.2023 Heure: 22:26 GMT
Ajouté le : 31.07.2013 06:14
Mauritanie: Trop tôt pour parler d’une participation des FLAM aux prochaines élections (Samba Thiam)
Samba Thiam s’explique dans cette interview à Alakhbar: ” Notre situation actuelle et notre ordre de priorité ne me permettent pas de répondre avec précision à cette question. Il faut attendre”
ALAKHBAR: Qu’en est-il de l’entrée politique des FLAM annoncée après leur redéploiement en Mauritanie ?
Samba Thiam: Les FLAM avaient annoncé qu’elles se redéploieraient, ce volet est en phase d’exécution largement avancée, comme vous avez dû le constatez effectivement sur le terrain. Ensuite elles avaient déclaré qu’elles intégreraient la légalité. Cette intention demeure, il reste à en déterminer simplement la forme et les modalités .
ALAKHBAR: Les FLAM vont-elles participer aux prochaines élections législatives et municipales, et qui sera votre candidat pour la présidentielle de 2014 ?
Samba Thiam: Il est trop tôt pour le dire. Notre situation actuelle et notre ordre de priorité ne me permettent pas de répondre avec précision à cette question. Il faut attendre.
ALAKHBAR: Les FLAM sont-elles satisfaites du règlement de la question du Passif humanitaire ?
Samba Thiam: Satisfaites, non ! Parce que cette question n’est pas complètement réglée. Disons plutôt qu’elles se réjouissent de l’amorce du règlement de ce dossier, à commencer par la reconnaissance, par l’Etat, de la tragédie, un pardon, officiellement exprimé, le retour des réfugiés - en dépit des insuffisances notoires - , et tout récemment l’acquittement entamé des réparations pécuniaires avec leurs lots de manquements, d’approximations et de confusions, qui doivent être corrigés
Bref, ce sont là des actes posés, importants, allant dans le sens de l’apaisement. Mais cela reste insuffisant ;il faut oser aller au règlement de fond, condition indispensable pour garantir une paix sociale durable.
Faut-il le rappeler? Pour nous le règlement de la question du passif humanitaire ne saurait se réduire à des réparations . Sa solution définitive réside dans notre triptyque habituelle, contenue dans notre Mémorandum de mars 2000 – déjà en 2000 !- qui se résume ainsi : “ refus de l’impunité, exigence de vérité et de réparations , nécessité du pardon, au bout”. Cette formule n’a pas changé.
ALAKHBAR: Les FLAM regrettent-elles aujourd’hui d’avoir mené des opérations armées pendant les années 90 contre le régime de OuldTaya ?
Samba Thiam: Non! Mais alors absolument pas !
Face à un régime tyrannique et sanguinaire et à la gravité de la situation de l’époque, c’était le seul recours, la seule réponse adéquate à opposer, et ce d’autant plus que le colonel Ould Taya rejetait toute idée de dialogue autour des problèmes .
Est-ce que les conditions avaient été réunies pour lancer une telle entreprise, c’est un autre débat !
Nous venons juste d’amorcer les premiers contacts avec la majorité, la COD et la CAP, par leader interposé. Il est donc trop pour juger du degré de proximité.
Si, de par notre positionnement, nous nous situons naturellement dans le camp de l’Opposition, il faut toutefois constater que nous ne partageons pas le même ordre de priorités. Nous sommes une opposition hors du Système …
Pour ce qui concerne les leaders Négro-africains, ici nommés, je dirais que nos rapports sont empreints de cordialité et de courtoisie.
ALAKHBAR: Quel est le plus proche des FLAM parmi les trois pôles politiques en Mauritanie:(majorité, COD ou CAP) ? Et quels rapports entretenez-vous avec les leaders politiques négro-mauritaniens notamment Kane Hamidou Baba et Ibrahima Moctar Sarr ?
Samaba Thiam: Nous venons juste d’amorcer les premiers contacts avec la majorité, la COD et la CAP, par leader interposé. Il est donc trop pour juger du degré de proximité.
Si, de par notre positionnement, nous nous situons naturellement dans le camp de l’Opposition, il faut toutefois constater que nous ne partageons pas le même ordre de priorités. Nous sommes une opposition hors du Système …
Pour ce qui concerne les leaders Négro-africains, ici nommés, je dirais que nos rapports sont empreints de cordialité et de courtoisie.
ALAKHBAR: Quelles sont vos relations avec ces partis politiques (UPR, Twassoul, UFP et RFD) et avec les mouvements de lutte pour les droits des Harratines et des négro-mauritaniens comme IRA et TPMN ?
Samba Thiam: Avec l’UPR ,Tawasoul et le RFD, nous nous découvrons à peine ...
Avec l’UFP -issu du MND- il faut avouer, pour être honnête , que nos relations ont toujours été houleuses, même très orageuses, par le passé. Mais on peut espérer, après ce premier contact, bref mais apaisé, établi par le Vice- Président des Flam, et les enseignements tirés de l’évolution de la situation interne, que ces rapports s’améliorent, dans le futur.
Concernant les ONG des droits humains que vous évoquez, l’histoire retiendra que nous nous sommes toujours efforcés de les soutenir , parce que nous avons conscience des enjeux en cause, du rôle et de la place de chacun, dans cette lutte.
Nous devons apprendre à nous respecter, à respecter les choix libres et souverains de chacun, sans jamais nous prendre pour des Messies !
Le Système est déjà assez coriace comme ça pour en rajouter …
ALAKHBAR: Selon la presse, les FLAM auraient soutenu la tentative de coup d’Etat de 2003 avant d’aider à capturer son auteur (Saleh Ould Hanna) ; comment répliquez-vous à ces accusations?
Samba Thiam: Le colonel OuldTaya incarnait , à nos yeux , le mal absolu, la tyrannie dans son essence même ; et qui n’aurait donc pas soutenu la chute d’un tyran ?
Je laisse toutefois le soin à Hanena ou à son assistant d’alors –le commandant Ould Cheikhna- de révéler au public la position des FLAM à l’époque .
Pour l’accusation (aider à la capture de Hanena ), c’est vous qui me l’apprenez. Je la trouve simplement ridicule et grotesque.
On dit généralement qu’entre ce qui se dit (les ragots ) et la vérité, comme pour la légende et l’histoire, il y’a bien souvent un fossé, énorme.
Une chose est sûre,-ceux qui nous connaissent et suivent notre parcours depuis toujours - savent que nous ne mangeons pas à ce râtelier, même dans la plus vive adversité …
Mais, il est vrai que les détracteurs des FLAM sont si ingénieux qu’ils manquent quelque fois du sens de la mesure
ALAKHBAR: Personne n’a presque entendu les FLAM sur les affrontements inter communautaires de Kaédi; pourquoi ce silence ?
Samba Thiam: Je suis surpris de vous entendre affirmer pareille chose, car nous avons toujours pensé qu’ Al-Akhbar était parmi les journaux les plus crédibles du pays, pour posséder la bonne l’information, et poser les bonnes questions. Comment donc cette information a pu vous échapper ?
Je puis vous dire à ce propos que nous sommes les seconds à avoir réagi face à cet événement , à travers une déclaration, sans louvoiement ni langue de bois …Mieux, le Vice-Président des FLAM s’est déplacé en personne à Kaédi pour s’enquérir de la situation. La question de l’unité nationale reste notre credo…
ALAKHBAR: Que vous inspire le sentiment des Nasséristes mauritaniens qui craignent que le pays perde son identité arabe ?
Samba Thiam: Cette question demande une réponse étoffée, fouillée, qui ne peut avoir place ici malheureusement ; car pour y répondre et bien cerner la question, il eût été nécessaire, d’indiquer qui sont les Nassériens, combien sont –ils, quels sont les soubassements de leur idéologie ?
Mais, pour m’y essayer, je dirais assez brièvement que cette crainte de leur part, ( que le pays perde son identité arabe ), repose sur une vision chimérique, étroite du pays; la Mauritanien’est pas arabe, contrairement à ce qu’ils pensent, mais arabe et négro-africaine! Cette peur enfouie a pour base, je l’ai dit, leur vision sectaire, réductrice d’une Mauritanie exclusivement …arabe. Les Nassériens se refusent à voir la réalité mauritanienne, telle qu’elle est. Cette vision se nourrit de l’espoir, secret, de parvenir un jour à assimiler les Négro- africains, comme au Soudan, comme en Algérie ou en Tunisie . Mais c’est une entreprise vouée à l’échec, tant notre présence et nos cultures sont effectives. C’est peine perdue, à moins d’ériger un rideau de fer entre la Mauritanie et le Sénégal, entre la Mauritanie et le Mali .
Tant que les Nassériens et consort n’auront pas renoncé à leur dessein secret ,- l’assimilation des autres – ils vivront cette crainte, qui grandira, ravivée, chaque jour, par la dure réalité de la Mauritanie : Multi-ethnique et pluriculturelle …
Nier le réel ou le refuser ne supprime pas le réel ; les Nasséristes feraient donc mieux d’y revenir …
Grandir, nous disent les psychologies, c’est aussi pouvoir discerner entre le principe de plaisir et le principe de réalité !