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Date: 10.06.2023  Heure: 14:08 GMT


Ajouté le : 03.09.2013 16:27

Mauritanie: "La COD veut un compromis avec le général Aziz, pour des élections transparentes" (Lô Gourmo-UFP)

ALAKHBAR (Nouakchott)-En Mauritanie, Lo Gourmo Abdoul, premier adjoint au président du comité permanant de l’UFP, parti membre de la COD (Coordination de l’Opposition Démocratique), estime que les déclarations du Président Aziz à Néma et le report des législatives et municipales ont créé un climat favorable à une concertation pour des élections transparentes. Il était l'invité de Alakhbar, Dimanche.

"Si vous avez reculé la date pour chercher un compromis, et bien vous trouverez les partenaires, parce que nous ne voulons que ça. Nous voulons trouver ce compromis avec le général Aziz pour qu’il ait des élections libres, démocratiques et transparentes".

 

Lo Gourmo Abdoul ajoute, dans cette interview accordée à Alakhbar, qu’avec la CAP (Convention pour l’Alternance Pacifique), le pouvoir a pu convenir sur un minimum d’accord. "Ils n’a qu’à élargir la discussion et la prolonger avec la COD, pour que nous convenions sur un minimum ".

 

 

ALAKHBAR: L’UFP va-t-il suivre les autres partis de la COD qui décideront d’aller seul aux législatives et municipales ?

 

Lô Gourmo Abdoul: Aucun parti de la COD (Coordination de l’Opposition Démocratique) ne veut aller individuellement aux élections. Aucun d’eux n’envisage de le faire. Jusqu’ici, nous envisageons d’aller ensemble dans une même position. C’est  l’aspect dominant au sein de la COD.

Maintenant, il y a des discussions sur l’attitude à avoir par rapport au report des élections législatives et municipales (au 23 novembre 2013). Dans ce cotexte, la COD a mis sur pied une commission pour savoir s’il faut actualiser notre position de boycott.

 

ALAKHBAR: En 2009 les partis du FNDD sont allés à la présidentielle en ordre dispersé. Certains parmi eux constituent aujourd’hui la COD.  Le même scénario va-t-il alors se répéter ?

 

Lô Gourmo Abdoul : La comparaison est intéressante, mais comparaison n’est pas raison. À l’époque du FNDD (Front National de Défense de la Démocratie), nous avions l’Accord de Dakar qui déterminait les conditions générales pour aller à la présidentielle. Théoriquement, nous avions les conditions maximales pour que la présidentielle de l’époque soit une élection libre et transparente, sous une supervision internationale relativement bien affirmée. Chaque parti du front pouvait aller seul à l’élection sans trop de risque. Certes, il était mieux d’aller ensemble, du fait qu’il y avait plus de chance d’avoir quelqu’un de notre côté qui gagne dès le premier tour.

Aujourd’hui,  le contexte a changé; il n’y a pas de garanties élémentaires pour la tenue d’élections libres, démocratiques et transparentes. La preuve: c’est qu’au moment où la COD a décidé de boycotter, il y avait peu de conditions minimales que même les partis qui avaient dialogué avec Ould Abdel Aziz avaient estimé ne pas pouvoir aller aux élections.

 

ALAKHBAR: Pourquoi l’UFP appelle à là concertation entre le pouvoir et la COD sur les élections ?

 

Lô Gourmo Abdoul: Avec la CAP (Convention pour l’Alternance Pacifique), ils (le pouvoir) ont pu convenir sur un minimum d’accord. Ils n’ont qu’à élargir la discussion et la prolonger avec la COD, pour que nous convenions sur un minimum.

N’oubliez jamais que le fond de la position de la COD c’est que nous voulons aller à des élections consensuelles. Cela passe par un consensus entre les parties concernées. Un consensus dans lequel chacun va avoir ce qui va le tranquilliser. Dans la concertation la COD viendra avec ses propositions qu’elle a déjà déclinées.

 

ALAKHBAR: La COD a déjà décliné ses conditions, que veut-elle de plus?

 

Lô Gourmo Abdoul: Les conditions n’ont pas changé; nous avons toujours demandé une concertation.  Il n’y a pas encore de concertation, donc nous n’avons pas levé notre mot d’ordre de concertation.

 

En tout cas, la COD est toujours favorable au dialogue. Nous réaffirmons, avec plus de vigueur, cette n’nécessité d’un dialogue, d’autant plus que le pouvoir, lui-même, a dû reculer sa date qui était fixée pour la tenue des législatives et municipales. Officiellement, il l’a reculé la date pour trouver un compromis avec  l’opposition. C’est ce que Ould Abdel Aziz a dit. Nous le prenons au mot et lui disons: « Si vous avez reculé la date  pour chercher un compromis, et bien vous trouverez les partenaires, parce que nous ne voulons que ça ». Nous voulons trouver ce compromis avec le général Aziz pour qu’il ait des élections libres, démocratiques et  transparentes.

 

ALAKHBAR: En cas d’échec d’un consensus, que va la COD ?

 

Lô Gourmo Abdoul: S’il y a consensus, tant mieux. Sinon, la COD a une position qui est le boycott. Nous l’avons d’ailleurs rappelé dans notre clarification adressée le samedi dernier  à Alakhbar.

 

Nous voulons un compromis avec des concessions réciproques. Il n’y a rien qui ne soit pas négociable et nous n’imposerons rien. Ce sera une discussion entre Mauritaniens, entre bonnes volontés pour trouver une sortie de l’impasse.

 

Si le régime organise seul des élections en ne partant qu’avec lui-même qu’est ce qu’il va en tirer. Il va être élu effectivement et alors ?

 

ALAKHBAR: Alors, vous allez rester en dehors des institutions. 

 

Lô Gourmo Abdoul: Nous sommes restés combien de temps en dehors des institutions ! Cela a-t-il empêché la terre de tourner ? Il ne s’agit pas d’être dans une institution pour le simple plaisir d’y être. Nous sommes  plutôt animés par la volonté d’instaurer une démocratie fiable pour nos futures générations et pour le pays. Ce n’est donc pas une question d’avoir des Maires ou des députés. Si c’était le cas, il suffirait d’adhérer à l’UPR et nous serions élus « confortablement ».. Mais cela ira-t-il dans l’intérêt de la patrie ?, je ne pense pas…

 

Je veux être clair, nous voulons être dans les institutions de la République, pour jouer le jeu républicain de la démocratie par pour faire des figurants d’un théâtre de marionnettes démocratiques…

 

ALAKHBAR: Pourrez-vous jouer ce jeu en boycottant les élections ?

 

Lô Gourmo Abdoul: Nous avions décrété un boycott actif par rapport au processus qui était proposé par le pouvoir et au délai qu’il avait fixé pour les élections. C’est pour montrer que la démocratie n’appartient ni à la COD ni au pouvoir en place. Elle appartient au peuple.  Si on veut la ravir ou la pervertir, nous nous y opposerons dans la mesure de nos moyens.

 

ALAKHBAR : La COD allait boycotter,  elle veut maintenant négocier. Qu’est ce qui s’est passé?

 

 Lô Gourmo Abdoul: Qu’est ce qui s’est passé entre temps ? Il s’est passé beaucoup choses. Nous avions décidé le boycott par rapport à des élections qui étaient annoncées et fixées à une date précise et dans des conditions précises, avec une CENI, qui a une composition particulière, et avec un enrôlement (à l’état civil biométrique)  qui se faisait  et se fait toujours dans le contrôle absolu et unilatéral du pouvoir. Bref, il y avait un nombre de choses qui étaient en cours et qui a amené la COD à décider le boycott.  Pendant ce temps, le pouvoir est revenu sur sa position. Personnellement, je pense que c’est déjà positif de reculer premièrement sur la date des élections.  C’est en reculant qu’on peut, au moins, discuter.

 

Deuxièmement, M. Ould Abel Aziz a dit à Néma qu’il veut que tout le monde participe aux élections. Cela veut dire qu’il n’y a pas que ceux qui avaient dialogué avec lui qu’il veut qu’ils participent. Il a dit, en filigrane, qu’il veut que la COD également y participe. Je trouve que c’est positif.

 

Il a troisièmement dit qu’il y a un nombre de choses qu’il est prêt à admettre dont l’élargissement de la CENI. C’est encore positif, parce que la CENI doit être consensuelle. C’est aussi une manière d’admettre que la CENI actuelle n’est pas consensuelle. Or, dans leur dialogue  (Majorité dite consolidée et CAP), ils avaient dit que la CENI doit être consensuelle mais elle ne l’est toujours pas.

 

M. Ould Abdel Aziz dit encore être prêt pour une commission d’enquête parlementaire sur l’opération enrôlement. Là, il nous rejoint, parce que nous avons toujours évoqué des problèmes liés à l’enrôlement et à la nécessité  absolue d’en faire l’audit.

 

Nous allons donc discuter de ses différents points et d’autres qui relèvent de notre plate-forme que nous avons publiée et chacun aura sa vision, c’est ça la concertation.

 

ALAKHBAR: La COD ne cherche plus à faire échouer les élections ?

 

Lô Gourmo Abdoul: Quelles élections la COD va faire échouer ? Nous allons chercher à faire échouer des élections qui sont une mascarade. Il est temps qu’on fasse comme les Sénégalais et Marocains ou maliens : qu’il y ait des élections normales dans ce pays. Nous voulons inscrire la démocratie dans la durée et pas dans l’humeur ou dans l’instant.

 

ALAKHBAR : Comment peut-on convoquer le collège électoral avant le bouclage du recensement à vocation électorale?

 

Lô Gourmo Abdoul: Vous trouvez cela normal ? Le fondement d’une démocratie c’est d’avoir des électeurs. Le collège électoral n’est pas constitué, parce que nombre de mauritaniens, notamment dans les communes rurales et les mauritaniens de l’étranger ne sont toujours pas enrôlés et ne seront donc pas électeurs. Combien sont-ils ? Personne ne sait vraiment pas plus que l’on ne ait qui sont enrôlé, alors que le fichier électoral dépend de cet enrôlement. Comment peut-on convoquer à des élections sans électeurs connus et reconnus ? ! Comment peut-on convoquer un match de football sans des équipes !

 

ALAKHBAR : Quelle est la conséquence juridique ?

 

Lô Gourmo Abdoul : La conséquence juridique c’est qu’il n’y a pas d’élections, parce qu’il n’y a pas d’électeurs reconnus. Combien de cartes d’identité en souffrance même parmi les enrôlés ? Combien d’inscrits avec de fausses indications rendant aléatoire leur participation le jour du vote ? Combien d’anomalies continuent à polluer l’opération en cours ?

 

ALAKHBAR : Quelle est la part de responsabilité de la CENI ?

 

Lô Gourmo Abdoul: Si la CENI était conséquente avec elle-même, la première chose qu’il aurait dû dire c’est  qu’aujourd’hui il n’y a pas d’élections possibles aux dates convoquées, parce que l’une des conditions de fond n’est pas remplie, c'est-à-dire que le corps électoral n’est pas régulièrement constitués sans même évoquer les dimensions politiques essentielles comme l’absence de consensus entre les acteurs ou ses propres difficultés matérielles financières qui compromettent gravement son autonomie…

 

ALAKHBAR: Qu’envisagez-vous comme solution au problème des élections ?

 

Lô Gourmo Abdoul:   On ne peut pas vivre dans un pays sans élection et on ne peut pas indéfiniment les reculer pour des raisons techniques non avouées ou parce que le régime n’est pas prêt. Car le fond du problème est que l’Agence en charge de l’état civil est empêtré dans un processus qu’elle ne parvient manifestement pas à maîtriser ou qu’elle traîne délibérément en servant de prétexte à ces reports successifs.

 

Nous voulons que tous soient prêts à aller à des élections apaisées, consensuelles, libres, démocratiques et transparentes.  Pour cela, nous voulons que les uns et les autres acceptent de se retrouver autour d’une table et que chacun défende sa position le plus rapidement possible pour sortir le pays de la crise dans laquelle il vit depuis le Coup d’Etat.

 





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